Résumé
Le livre débute par la relation de la construction de la frégate, de ses spécifications, ainsi que des diverses vérifications et inspections quelle doit subir.
Il se poursuit en relatant, par le menu, les différentes étapes de sa sa première campagne dessais sous le commandement du lieutenant de vaisseau Levassor de la Touche.
Pour rappeler au lecteur la situation politique intérieure et étrangère du royaume de France dans les années 1770-1780, le troisième chapitre sefforce den décrire sommairement les traits essentiels ainsi que la situation de la France de ce temps à légard de lAngleterre.
Complétant la situation générale esquissée au chapitre précédent, les auteurs établissent une situation précise de la flotte royale française de lépoque, et évoquent brièvement la réalité historique des treize colonies anglaises dAmérique afin de situer les enjeux et les défis que suscitaient ces dernières.
De retour dun premier séjour auprès de Washington et des «Insurgents», La Fayette a usé de son influence et de sa fortune pour convaincre les autorités françaises quil convenait de soutenir de manière beaucoup plus importante son ami, le général Washington et ses «Insurgents». Il aurait souhaité recevoir le commandement du corps expéditionnaire français, mais son jeune âge il na que vingt-trois ans nautorisent ni Vergennes, ministre des affaires étrangères, ni le Roi, à souscrire à ce vu. Il reçoit, toutefois une mission secrète dimportance auprès du général Washington qui consiste à informer ce dernier du détail des renforts militaires et financiers qui vont lui être acheminés incessamment. Pour lui permettre de remplir sa mission dans les meilleurs délais, le Roi met à sa disposition le meilleur et le plus rapide de ses vaisseaux, la frégate « Hermione ».
La traversée seffectue en vingt-huit jours, sans incident notable. Puis, conformément aux ordres quil a reçus, la première partie de sa mission étant achevée (amener La Fayette au plus vite sur le territoire américain), le commandant de « LHermione » se place au service de M. Powel, président du Conseil de lEtat du Massachussetts dont il reçoit la mission de protéger le commerce et les intérêts en croisant au large des côtes de cet Etat.
La jeunesse de La Fayette, le fait quil avait perdu son père très jeune, lavaient toujours incité à se chercher des substituts de père. Lun de ceux-ci, entre autres, était le comte de Broglie, chef du « Secret du Roi », frère du Maréchal de Broglie, commandant le régiment où La Fayette servait comme jeune officier. Le déroulement des évènements en Amérique, les idéaux philosophiques de La Fayette, et son anglophobie (les Anglais navaient-ils pas tué son père?), lui font tout naturellement rechercher lamitié et les conseils du comte de Broglie qui caresse le projet détablir une présence française discrète mais influente dans les futurs Etats-Unis. La Fayette devient donc - consciemment ou non - ce que lon appellerait, de nos jours, un « Honorable Correspondant » du comte de Broglie.
Les raisons de lengagement de La Fayette. Le huitième chapitre les développe dans le détail. On y constate que, dans cette ère des «Lumières», à linstar de beaucoup de ses contemporains, La Fayette avec la générosité de la jeunesse avait pris fait et cause pour les idées des philosophes du XVIII° siècle, pour la diffusion de la liberté et pour lamour du genre humain. Ces idéaux sont ceux de la franc-maçonnerie qui se développe puissamment dans la France du temps. La Fayette y est initié par son beau-frère, le vicomte de Ségur , alors Vénérable de la R.L. «La Candeur». Il senthousiasme pour lArt Royal, dautant plus quil sait que G. Washington est lui-même franc-maçon et que toutes les plus importantes personnalités parmi les rebelles américains le sont également. Sa volonté de rejoindre les «Insurgents» et George Washington se trouve ainsi puissamment confortée.
Entre-temps, le commandant de LHermione poursuit sa mission au service des Américains. Il a la joie de voir arriver lescadre et les troupes françaises que le Roi Louis XVI avait promis denvoyer au général Washington et à ses amis pour les aider à se débarrasser de la tyrannie anglaise et gagner leur indépendance. La Touche y contribue par sa brillante campagne de 1781 qui sachève remarquablement par le combat de Louisbourg.
Le dixième chapitre, essentiel pour mieux comprendre lenchaînement des faits qui ont pu conduire à la victoire finale de Yorktown en 1781 sefforce de montrer dans le détail comment la communauté de pensée des officiers généraux Américains et Français (ils étaient tous francs-maçons), dépassant les nécessaires différences de statuts, dhabitudes, de comportements entre les troupes régulières françaises et les milices des «Insurgents» ont réussi à créer un enthousiasme commun et un tel esprit de corps que la victoire ne pouvait leur échapper. En outre, lintelligence , tant tactique que stratégique, ce cet état-major franco-américain la tout naturellement conduit à mettre au point la première opération conjointe « terre-mer » qui, en interdisant laccès de la baie de la Chesapeake aux navires anglais, ne pouvait que conduire le général en chef des forces britanniques à la reddition. Cette dernière devait , ironiquement, rassembler des protagonistes qui Anglais, dun côté (Lord Cornwallis), Américains , comme Washington et Hamilton , Français, comme La Fayette et Rochambeau, Prussien, comme von Steuben, Polonais, comme Kosciusko étaient tous, sans exception, francs-maçons.
Revenant sur lurgente nécessité, pour le royaume de France, de se doter dune flotte royale puissante et nombreuse, lun des succès trop souvent méconnus du roi Louis XVI, le onzième chapitre envisage cette nécessité sous langle, non pas du prestige et de larrogance, mais sous laspect plus prosaïque de léconomie. Les Antilles sont, à lépoque, le principal fournisseur de sucre, de cacao et autres marchandises dont lEurope, tout entière, commence une abondante consommation. La concurrence anglaise est très rude, car le budget du royaume britannique dépend à quelque 65% des droits de douane, impôts indirects , et la France souhaite re-structurer son budget de la même manière, budget mal en point pour diverses raisons, dont lune est lextraordinaire effort financier quelle consent pour aider les « Insurgents ». Or, pour acheminer ces marchandises des Antilles vers lEurope, il y faut une marine de commerce importante, ce dont dispose le royaume, mais également, d une marine de guerre capable de protéger les convois contre la Royal Navy ! Cest donc la situation financière du royaume de France qui est évoquée et les conséquences politiques que celle-ci entraîne.
La victoire de Yorktown a pour inévitable conséquence lIndépendance des treize colonies britannique qui deviennent les Etats-Unis dAmérique. Il faut consacrer cet état de faits nouveau par un traité diplomatique entérinant lindépendance des Etats-Unis, et la reconnaissance de ce fait par les nations concernées : France, Espagne, Hollande,et Grande-Bretagne . Du côté français, on dresse le bilan financier. Il est lourd. On espère toutefois que lamitié franco-américaine, pour récente quelle soit, portera ses fruits sous la forme dun considérable développement des échanges commerciaux entre les deux nations française et américaine. Paradoxalement ce nest pas entre les deux alliés que se produira cette intensification des échanges extérieurs, mais entre les deux récents ennemis : la Grande-Bretagne et les Etats-Unis. Bien des raisons expliquent cette situation apparemment contradictoire, mais ce fait ne peut quaggraver la situation financière déjà inquiétante du royaume de France. On en verra laboutissement avec la Révolution Française.
LHermione a brillamment rempli toutes les missions qui lui avaient été confiées au cours de la campagne dAmérique. Elle revient en France pour être expédiée aux Indes où dautres missions moins éclatantes lui sont confiées. Un peu plus tard, la République a remplacé le royaume de France. La Révolution et la Terreur ont décimé les rangs des officiers de marine de valeur. «LHermione » connaît alors une triste fin sous le commandement dun officier incompétent et dun pilote de hasard. Elle sombre sur les récifs, au large du Croisic sur le Plateau du Four.
La fraternité darmes de Yorktown, lengagement français aux côtés des « Insurgents » sont toujours présents dans la conscience collective américaine. La décision du Président Wilson dengager les U.S.A. au cours de la Première Guerre Mondiale, celle du Président Roosevelt dintervenir au cours de la Seconde témoignent de la permanence de cette fraternité. Il reste que, dans la période contemporaine sous linfluence de phénomènes économiques échappant plus ou moins au contrôle des hommes les valeurs humaines et les idéaux qui réunissaient spontanément des héros comme Washington et La Fayette ont du céder la place à dautres valeurs nettement plus pragmatiques, et forcément beaucoup plus concrètes. Il convient despérer que ces deux nations qui nont - depuis la naissance des USA jamais été opposées dans un conflit, se ressaisissent et retrouve le chemin dune déjà séculaire amitié.
La politique étrangère - conduite au nom de Louis XVI par le ministre Vergennes- disposait de deux scénarios dans son opposition, alors permanente à la Grande-Bretagne. Lun deux était celui qu a connu lhistoire , sous la forme dun puissant soutien aux « Insurgents » dAmérique. Le second, élaboré par le « Secret du Roi », puis par Choiseul, premier ministre de Louis XV, consistait tout simplement à profiter de la mobilisation, outremer, des forces anglaises, terrestres et maritimes, pour envahir la Grande-Bretagne en lui imposant les conditions françaises. Parfaitement réalisable, et de bien moindre coût, il était parfaitement réalisable et plausible et qui sait ? eût peut-être pu changer lhistoire de la France et de lEurope, sinon du monde. Toutefois, envisager ce qui aurait pu se passer si relève du genre de l histoire-fiction.
Volens nolens, un fait simpose à ceux qui étudient lhistoire de laccession des Etats-Unis à lIndépendance : tant du côté américain que du côté français : la franc-maçonnerie y a joué un rôle central et déterminant. Cependant, comme dune certaine manière, la franc-maçonnerie, enfant du XVIII° siècle, nest que lun des avatars, ou lun des aspects de lère dite «des Lumières», on ne saurait considérer quelle est lunique responsable de lIndépendance américaine. Elle a plutôt été le vecteur principal de lesprit des «Lumières» et sest généreusement mobilisée, non seulement pour secourir des frères américains dans le danger, mais aussi et surtout pour voir triompher les idées de liberté dégalité et de fraternité qui (bien sûr, avant la lettre)- allaient devenir la future devise de la France. Avant toute chose, elle a, de manière éblouissante, démontré au monde de son temps que la fraternité entre les hommes nétait pas chose inaccessible.
En guise de conclusion, et paraphrasant ladmirable Pasteur Martin Luther King concernant la nécessaire amitié entre les hommes et les peuples, les auteurs souhaiteraient reprendre ces magnifiques paroles qui furent les siennes : « We made a dream ! »